Audition de MM. Shalva Papuashvili, Président du Parlement Géorgien et Nikoloz Samkharadze, Président de la Commission des affaires étrangères du Parlement Géorgien
Le 7 juin 2023
Audition de Monsieur Shalva Papuashvili, Président du Parlement Géorgien et de Monsieur Nikoloz Samkharadze, Président de la Commission des affaires étrangères du Parlement Géorgien
C’est dans le cadre d’une audition de la Commission des affaires étrangères du mercredi 7 juin 2023, que j’ai eu l’occasion de poser ma question au Président du Parlement de Géorgie et au Président de la Commission des Affaires étrangères de Géorgie. Cette réunion avait pour objectif d’échanger sur la situation du pays qu’est la Géorgie ainsi que de ses enjeux et de ses défis. Ayant participé aux auditions sur l’ingérence russe en France et notamment à celle visant Madame Marine Le Pen et son parti politique, j’ai demandé s'il y avait, comme en France, des tentatives d’ingérence russe dans ce pays du Caucase.
Mireille CLAPOT :
Merci Monsieur le Président,
Je suis vraiment ravie que cette audition ait eu lieu parce que nous avons appris beaucoup de choses sur votre point de vue. Donc en 50 secondes cela va être très compliqué de vous poser les questions. Ce que j’aurais aimé que l’on développe plus, c’est la connectivité. J’ai sous les yeux la carte de votre pays. On voit qu’il est à la frontière de la Russie, de la Turquie, de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan, de la Mer noire. Donc, vraiment, vous avez un rôle à jouer. J’aurais aimé que l‘on parle de connectivité numérique. Puis, par ailleurs, nous avons eu récemment une Commission d’enquête sur les ingérences, en particulier russes, qui ont mis en évidence des liens et des techniques assez efficaces de la Russie pour influencer des élus, en particulier du Rassemblement Nationale. En vous écoutant, je me demandais donc si vous pensiez qu’il y a ce genre de choses en Géorgie et particulièrement à travers la loi sur les agents étrangers. Est-ce que vous pensez que les ingérences russes ont lieu comme malheureusement elles semblent avoir lieu en France ?
Merci.
Monsieur Shalva PAPUASHVILI, Président du Parlement Géorgien :
Merci Beaucoup,
Oui la connectivité, cela fait partie des initiatives. Nous voulons avoir le lien entre l'Europe et l’Asie parce que c‘est le parcours le plus cours et le moins onéreux. Et ce n’est pas uniquement une question d’énergie, mais c’est également pour le transport de marchandises et la connectivité internet. Alors il y a la mer Noire pour le lien entre la Géorgie et la Roumanie et il y aura le lien avec le câble électrique avec l’Union européenne (UE), ce qui permettra l’exportation d’énergie verte produite dans la région vers l’UE. Pour internet, il y a le câble sous-marin de la black noir qui fait partie de ce projet de connectivité. Et nous voyons qu’il y a trois itinéraires : corridor Nord vers la Russie, le deuxième vers la Géorgie et le troisième corridor vers le Sud. Alors, le corridor Nord-Est est et restera fermé pendant un certain temps. Le corridor Sud a des problèmes de sécurités. Ce qui nous laisse le corridor du milieu qui est le plus court et le moins onéreux. Ça c’est pour relier l’Europe et l’Asie. Nous avons vu des négociations avec l’Azerbaïdjan pour l’importation de ressources énergétiques. On voit que, du point de vue géopolitique, c’est de plus en plus important parce que l’Europe a besoin d’avoir la Géorgie comme membre de l’UE dans ce contexte-là.
Quant à l’ingérence de la Russie, il faut dire que la Géorgie a l’habitude et la société géorgienne aussi. Peut-être que la société géorgienne est moins sensible au soft power russe parce que toute sorte de tentatives ont déjà fait l’objet de tests en Géorgie et les Géorgiens ont eu la possibilité de voir ces instruments et de montrer leur fonctionnement en Géorgie. Quant à l’ingérence de la Russie dans d’autres pays, pour nous, c'est différent car cela fait 200 ans que nous avons l’expérience de la Russie. Parfois, cette ingérence est visible et parfois elle est moins tangible mais notre expérience montre que, par exemple, pour la sécurité de notre pays, nous savons que nos services de sécurité arrivent à observer, découvrir cette ingérence et empêcher que certaines menaces se réalisent en Géorgie. Mais en même temps, c’est cette transparence qui nous permet de révéler les intérêts financiers dès que possible. C’est pour cela que nous voulons avoir les détails sur le financement des organisations et des associations. Et comme je l’ai dit encore une fois, il n’y a pas de cadre juridique qui oblige la communication de ces informations financières.
M. Nikoloz SAMKHARADZE, Président de la Commission des affaires étrangères du Parlement Géorgiens :
Très rapidement, vous avez posé la question concernant les élus. Il y a eu une expérience en Géorgie où un élu a reçu un financement du budget central de la fédération de Russie. Elle recevait de l'argent tous les six mois. En principe, c’était un versement des droits de propriété intellectuelle pour un parent éloigné. C’est une préoccupation parce que nous savions que c’était faux; les Russes ne respectent jamais de contrat. Alors, il était très bizarre qu’une femme politique géorgienne touche un versement russe pour des droits de propriété intellectuelle qui remontait aux années 70-80 pour un parent éloigné.