Mon intervention sur le continent africain face aux enjeux climatiques
Mon intervention en tant que Vice-présidente de la Commission des Affaires étrangères pour ouvrir une table ronde sur le continent africain face aux enjeux climatiques, le 12 décembre 2023.
"Messieurs les présidents de la commission de la défense et du développement durable,
Madame et Messieurs, Chers collègues,
Permettez-moi tout d’abord d’excuser l’absence du président Jean-Louis Bourlanges aujourd’hui, qui aurait souhaité être parmi nous mais n’a pu décommander d’autres engagements, au titre de ses fonctions et m'a donc demandé de le représenter..
Au nom de la commission des affaires étrangères de notre Assemblée, je me réjouis et me félicite de la tenue de cette réunion commune, sur une thématique qui intéresse au plus haut point l’ensemble de mes collègues.
Coïncidence de calendrier sans doute non-fortuite, nous abordons ce sujet au moment même où s’achève la 28e conférence des parties sur le climat, la COP28, qui doit déboucher sur des avancées pour le financement des pertes et dommages pour les pays les plus vulnérables, au premier rang desquels figurent les pays africains.
Si l’Afrique est le continent qui contribue le moins aux émissions de gaz à effet de serre (7 % des émissions depuis le milieu du XIXe siècle contre 45 % pour l’ensemble des pays développés), elle est malheureusement l’un de ceux qui en subit le plus directement et massivement les conséquences. Le continent africain se réchauffe en effet plus vite que la moyenne mondiale puisque ses températures ont augmenté de 1,4 °C depuis l’ère préindustrielle, contre 1,1 °C à l’échelle du globe.
À titre d’illustration, les pays d’Afrique de l’Ouest sont d’ores et déjà confrontés à des températures excédant, en moyenne, les 40,6 °C pendant deux mois. Cette canicule pourrait s’étendre sur quatre mois et demi à l’échéance de 2060, et sur plus de la moitié de l’année à la fin du siècle.
Dans une publication du 30 août 2023, le Fond monétaire international (FMI) a mis en exergue que le changement climatique en Afrique y « aggrave considérablement les conflits et les difficultés », telles que la famine, la pauvreté et les déplacements forcés. Selon cette même publication, d’ici à 2060, les décès liés aux conflits pourraient augmenter de 14 % dans les pays confrontés à une augmentation extrême des températures : cela concerne trente-neuf pays, abritant près d’un milliard d’habitants et 43 % des personnes les plus pauvres, dont la moitié se trouve en Afrique.
Très concrètement, les pénuries d’eau pourraient déplacer jusqu’à 700 millions d’Africains au cours de la décennie ; d’ores et déjà, la Corne de l’Afrique connaît sa pire période de sécheresse depuis quarante ans et plus de 50 millions de personnes y souffrent de la faim. Parallèlement, jusqu’à 116 millions de ressortissants africains seront affectés par les dangers liés à l’élévation du niveau de la mer au cours de cette décennie.
Les échanges de cet après-midi permettront, nous l’espérons, de mieux appréhender comment aider l’Afrique à faire face au défi du changement climatique. Nous attendons également de cette réunion des précisions sur l’action et les initiatives d’ores et déjà engagées par notre pays, ses partenaires européens et occidentaux dans la lutte contre le dérèglement climatique sur le continent africain.
En effet, les enjeux du changement climatique et de ses conséquences pour l’Afrique nous concernent très directement. Pas uniquement parce que les liens entre la France et le continent africain sont étroits et importants, mais parce que l’impact du dérèglement du climat en Afrique peut se répercuter jusque dans notre territoire hexagonal ou dans nos outre-mer, en océan indien notamment.
Il nous faut intégrer davantage la prise en compte du changement climatique dans nos actions de coopération internationale avec l’Afrique, que ce soit au niveau de notre APD mais aussi de nos partenariats économiques et diplomatiques. Car le réchauffement climatique aura et a d’ores et déjà des conséquences dramatiques pour les populations locales, et celles-ci menacent la réalisation des Objectifs du développement durable à horizon 2030.
Je voudrais par ailleurs à souligner la diversité des contextes africains et des enjeux qui se posent aux pays de la région selon leur environnement géographique, météorologique, politique et économique… Ne sous-estimons pas malgré le titre de cette table ronde que l’Afrique est plurielle et que les enjeux climatiques auxquels sont confrontés ses pays sont spécifiques à chacun.
Enfin, pour sortir d’une relation à sens unique entre la France et cette Afrique plurielle, je pense qu’il est important de mesurer ce que l’adaptation de certains pays africains comme ceux de la bande du Sahel, qui ont appris à vivre depuis toujours avec la sécheresse, l’aridité ou le manque d'eau peuvent nous apporter pour que la France prépare sa propre adaptation au changement climatique.
Permettez-moi pour finir d'avoir un mot pour les femmes et les filles d'Afrique qui paient un lourd tribut à cause des modifications climatiques, en particulier parce qu'elles sont en charge de l'approvisionnement en eau.
Nos échanges d’aujourd’hui interviennent donc à propos et je suis heureuse qu’ils mobilisent nos commissions. À n’en pas douter, cet intérêt est largement partagé parmi nous et cette réunion devrait s’avérer particulièrement enrichissante. Je remercie donc tous les participants pour leur présence."