Le Dauphiné Libéré - 9 mars 2021
Elles sont neuf, chacune spécialisée dans un domaine : import/export, événementiel, immobilier, graphisme, vin, etc. Toutes ont pour point commun d’avoir créé leur entreprise.
Lundi 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Mireille Clapot, députée LREM de la Drôme, a invité à sa permanence neuf Valentinoises pour aborder leurs parcours et les obstacles qu’elles peuvent, ou ont pu, surmonter.
L’élue, rappelant son passé professionnel dans le monde de l’entreprise, a préféré parler des femmes « actrices » : « L’émancipation économique des femmes est un combat important. » Rappelant les initiatives prises par le gouvernement pour favoriser l’égalité femmes/hommes, l’assemblée a échangé autour d’un déjeuner préparé par les équipes d’Anne-Sophie Pic.
Si Mireille Clapot a interrogé les participantes sur les difficultés rencontrées, un point est partagé : les limites ne sont pas financières ou administratives, mais mentales.
Briser le plafond de verre
« C’est presque plus facile de créer une entreprise quand on est une femme », souligne Lydia Martraire, fondatrice de Kaperli, spécialisé dans l’ingénierie éducative. « Les freins que l’on rencontre sont enfouis en nous. » Ève Xaé, fondatrice d’Orama patrimoine, abonde : « Il faut sortir du syndrome de l’imposteur. Quand on m’a invitée pour ce déjeuner, mon premier réflexe a été de me dire que je n’étais pas légitime. Un homme ne se serait sûrement pas posé la question. »
« Les obstacles sont surtout culturels » poursuit Aurore Thépaut, spécialiste en gestion de projet. « Les barrières sont psychologiques. Quand j’ai lancé mon entreprise, on m’a demandé : “Comment tu vas faire avec tes enfants ?” Je répondais alors : “Comment fait mon mari avec mes enfants ?”»
Vient alors le débat de la charge mentale liée à la vie de famille. Deux conceptions s’affrontent : pour certaines, celle-ci est inhérente au rôle de mère. Pour d’autres, les femmes doivent se défaire de ce poids.
Deux conceptions de la femme pour deux générations différentes. Ève Xaé avance : « Il y a des décennies de société patriarcale derrière nous. Ce sont tous ces mécanismes qu’il faut déconstruire. » Pour Lydia Martraire, « il faut donner envie aux jeunes femmes de créer leur entreprise, et lever les boulets liés aux femmes. » Et voir, demain, d’autres femmes au rang des cheffes d’entreprises.