Cette mission s’est effectuée du 22 au 25 Avril à Istanbul, à l’initiative de 4 associations :
EGAM : Mouvement européen antiraciste
AGBU : Union générale arménienne de bienfaisance
IHD : Organisation des droits de l’homme à Istanbul
Durde ! : ("Dis non au racisme et au nationalisme !")
Elle avait pour but, comme chaque année depuis 2010, de commémorer le génocide arménien le 24 Avril. La Turquie, pays de diversité ethnique et confessionnelle comporte une minorité arménienne, mais l’Etat ne reconnaît pas les événements de 1915 comme un génocide. Le mot « génocide » est banni.
La délégation se composait de militants antiracisme de toute l’Europe, et je représentais le parlement français.
Nous avons rencontré :
-Eren Keskin, présidente de l'Association pour les Droits de l'Homme – Istanbul
-les dirigeants de la Fondation de l’héritage arménien Hrant Dink et le journal arménien Agos.
-Aydin Engin, rédacteur-en-chef du journal Cumhuriyet.
-représentants de la Fondation culturelle Anadolu Kültür en soutien au philanthrope turc Osman Kavala, actuellement emprisonné, en marge de l’exposition “Poetry of Stones, ANI: An Architectural Treasure on Cultural Crossroads" sur l'héritage de la culture arménienne en Turquie.
Eren Keskin est sous le coup d’une condamnation à 12 ans de prison, elle atend son appel.
Aydin Engin a été condamné 48 heures après notre rencontre à 6 ans de prison
Osman Kavala est en prison depuis le 18 octobre 2017, sans charges. Il attend son procès.
La commémoration proprement dite, le 24 Avril, devait se dérouler en 3 temps :
-le matin sur Sultanahmet, manifestation de IHD avec banderoles rappelant le génocide arménien. Ces banderoles ont été confisquées par la police. Eren Keskin et deux militants ont été retenus quelque temps au commissariat.
-l’après-midi au cimetière arménien pour le 7ème anniversaire du décès de Sevag Balici, jeune arménien tué lors d’un assassinat raciste le 24 avril 2011, au cimetière arménien dans lequel il est enterré. Les forces de police étaient très présentes, ont abondamment filmé cette commémoration familiale et ont exigé que le mot de génocide ne soit pas utilisé.
-le soir commémoration sur l’avenue Istiklal, avec l'association Durde !
Les forces de police ont d’abord prétendu que l’événement était interdit, mais ont reconnu que l’autorisation était venue du ministère de l’Intérieur. La commémoration a duré une demie heure, des photos des victimes de 1915, de Sevag Balici et de Hrant Dink (assassiné en 2007) étant mises en évidence par les participants. Le recueillement a été important.
Il est fondamental d’avoir soutenu les militants des droits de l’homme et les membres de la communauté arménienne pour qui cette commémoration est la base de la reconnaissance de leur identité.