Ma question à MM. Stéphane Romatet et Christophe Bigot, respectivement directeur du Centre de Crise et de Suivi (CDCS) et directeur de la direction de l'Afrique et de l'océan indien au MEAE
Le 17 mai 2023
Audition de MM. Stéphane Romatet et Christophe Bigot, respectivement directeur du Centre de Crise et de Suivi (CDCS) et directeur de la direction de l'Afrique et de l'océan indien au Ministère de l'Europe et des Affaires Etrangères sur la situation au Soudan.
Mireille Clapot
Compte tenu de contraintes, j’ai raté votre intervention liminaire mais je tenais quand même à vous remercier Messieurs les directeurs.
Je voulais à mon tour et avec mes mots toute l’admiration et le respect que l’on peut avoir pour cette action Sagittaire qui a été menée et, en y réfléchissant, je me disais que c’est l’aboutissement d’un réseau diplomatique universel. C’est d’abord une connaissance fine des liens de confiance, un réseau qui s’établit, c’est aussi une volonté et des moyens qui sont mis. Nous qui votons les budgets, nous sommes quelque part comptables de cela aussi. Je pense que le succès est dû à une logistique imparable, à la réactivité et je rajoute aussi le discernement. Il faut faire bien et vite mais il ne faut pas faire n’importe quoi et éviter des erreurs. Donc je tenais à vous féliciter.
Vous y avez répondu en partie mais qui a fourni les armes aux belligérants ? On n’est pas dans un conflit à la machette comme lors du génocide au Rwanda, on est plutôt dans un conflit avec des armes légères et lourdes donc qui arme ces belligérants ? J’ai une autre question sur le rôle des réseaux sociaux et comme je fais partie de la commission d’enquête sur les ingérences, j’ai maintenant ce réflexe « ingérence ». Vous avez parlé de la présence de Wagner, au-delà de cela, y-a-t’il des ingérences et des manipulations de l’opinion par les réseaux sociaux. Evidemment, je voudrais aussi avoir une pensée pour les victimes des atteintes aux droits humains, en particulier les femmes puisqu’on a des témoignages de violences sexuelles. C’était déjà un contexte général donc on imagine bien ce que les femmes vivent en ce moment. Je vous remercie.
Christophe Bigot :
Sur les armements, il faut avoir en tête que le Soudan dispose d’usines d’armement en propre, sur son territoire. C’est d’ailleurs un élément qui risque d’alimenter le conflit sur la durée. Ensuite, je disais tout à l’heure que l’armée soudanaise, traditionnellement, est approvisionnée par la Russie. La Russie qui, on le sait, est le premier pourvoyeur d’armes sur l’ensemble du continent mais, dans le cadre de la Russie, il y a une profondeur historique.
Les FSR, les supplétifs, eux aussi s’approvisionnement en Russie mais aussi sur le marché mondial puisqu’ils disposent d’un certain nombre de ressources grâce au secteur minier qu’ils contrôlent. Il y a un aussi un certain nombre de pays dans la région auprès desquelles il est assez facile de s’approvisionner car ils jouent un rôle de plateforme. Ce n’est pas un élément particulièrement discriminant entre les deux, simplement, l’armée est la seule à disposer d’armes lourdes et ce sur quoi elle compte pour l’emporter dans ce conflit contre les supplétifs.