le Dauphiné Libéré - Mireille Rossi - 28 mai 2018
D’un côté, une association qui voudrait confronter une élue à la réalité de la rue vécue par une famille albanaise.
De l’autre, une députée LREM venue pour tenter d’expliquer les bienfaits de la loi asile-immigration.
Autant dire la rencontre improbable de deux mondes qui parlent pourtant des mêmes personnes. Cette impossibilité de dialogue s’est jouée vendredi soir devant le Diaconat Protestant de Valence.
Comme prévu, c’est sur inscription, et sous le regard des policiers, qu’on avait le droit de pénétrer dans le bâtiment pour assister à la réunion proposée par la députée Mireille Clapot. Et comme prévu, c’est sur le trottoir que s’était rassemblée une poignée de manifestants.
Avec eux, Asije et Gazmiv et leur fille de 13 ans, Ornela, arrivés en France en décembre 2016. Ballotés de lieu en lieu, avant d’être enfin posés ici avec scolarisation à la clé, ils se retrouvent depuis quelques jours de nouveau à la rue.
Que l’attachée parlementaire de Mireille Clapot propose un rendez-vous à l’association ce lundi avec la députée n’aura guère calmé le jeu. « Je suis un syndicaliste, je sais lire un texte, je ne viens pas négocier. Elle a voté une loi. Nous, on veut lui montrer qu’il y a des gens qui dorment dehors. Ça aurait été bien qu’elle affirme sa solidarité avec eux ! » dénonce Dominique Malvaud, porte-parole de “Enfants à la rue à Valence”.
« Une réunion sur inscription pour assurer la sérénité »
Mais ce n’est pas ainsi que l’entend la parlementaire. Elle défend la volonté de faire de la pédagogie sur cette loi, comme sur toute autre. « La réunion se fait sur inscription pour assurer la sérénité […] » Elle souhaitait y présenter un texte « équilibré qui allie fermeté et humanité. Cette réunion doit permettre de mettre en exergue certains points de vigilance » confie-t-elle quelques minutes avant son démarrage.
Elle défend aussi son travail au jour le jour, avec les associations ou les particuliers… Des particuliers (peu) et des associations, justement, ont bien pris place dans la salle du Diaconat où se trouvait au final seulement une trentaine de personnes. Ligue des droits de l’homme, Cimade, Alda, Singa, Amnesty étaient là, tout comme différents représentants de courants politiques qui autrefois n’en était qu’un (PS, Génération. s, LREM).
Et pendant que dedans, on continue de débattre avec courtoisie immigration, hospitalité, nécessité d’accueil, de limites, d’encadrement, dehors Ornela et ses parents sont déjà repartis dans les rues de la ville.