Éthiopie : des violations aux droits humains silencieuses
La situation qui se joue en Ethiopie depuis l’automne 2020 est alarmante : une guerre fratricide entre le gouvernement central et des groupes rebelles de la région du Tigré, région grande comme un tiers de la France, peuplée de 6 millions d'habitants. Ce mercredi 9 novembre 2022, j’ai participé à la rencontre d’Amnesty International sur cette guerre oubliée ayant causé la mort de 300 000 hommes, femmes et enfants. Depuis son commencement, Amnesty a documenté et mis en lumière des violations du droit international commises par toutes les parties au conflit. Dans un rapport d’avril 2022, l’ONG a révélé l’existence d’un nettoyage ethnique dans le Tigré occidental, avec la complicité et parfois la participation du gouvernement éthiopien.
L’accord de cessation des hostilités qui a été trouvé, ce mercredi 2 novembre, entre les négociateurs d'Addis Abeba et des rebelles de la région septentrionale du Tigré, loin de signifier la fin du conflit, soulève de nombreuses questions. La chercheuse Donatella Rovera a présenté cinq recommandations pour parvenir à une paix durable avec tous les acteurs : coordonner les actions humanitaires, construire une surveillance internationale robuste sur la question des droits humains, avec une contribution nécessaire de la France, soutenir les enquêtes indépendantes, sans lesquelles il ne peut y avoir d’information concrète, se doter d’experts en violences sexuelles vis-à-vis des viols à grand échelle, et lutter contre l'impunité, au coeur du processus de pacification.
Face à ce vide politique et médiatique qui peut surprendre, ma collègue Virginie Duby-Muller, Présidente du groupe d’amitié France - Ethiopie, s’est proposée de contribuer à la prise de conscience par l’écriture d’une tribune, projet pour lequel je m’investirai. J’ai également proposé de sensibiliser les membres de la Commission des affaires dont je suis Vice-Présidente, pour saisir l’opportunité d'action qui s'offre à nous. De même s’il s’agit de savoir que s’il s’agit d’une sphère d’influence historiquement anglo-saxonne, il s’agit d’un enjeu important pour la France. Le Ministère de l’Europe et des affaires étrangères a ainsi dépêché sur place un envoyé spécial, tandis que l’ambassadeur en Ethiopie est aussi le représentant français de l’Union africaine. Avec ou sans lumière médiatique, la défense des droits humains, et des droits des femmes, dans des conflits nocturnes d’une grave intensité, continuera d’être ma boussole.