Commission des affaires étrangères : audition de M. Stéphane Crouzat, Ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique, pour les énergies renouvelables et la prévention des risques climatiques
Merci Monsieur le Président. Monsieur l'ambassadeur, merci de votre éclairage et merci de faire rayonner la France dans ces enjeux essentiels.
Je vais proposer à la Commission de se transporter très au Nord, en Arctique. Les modèles scientifiques qui d'ailleurs se remettent en cause sont très pessimistes sur l'évolution de l'Arctique. Parmi les risques climatiques que vous tentez d’éclairer, j’aimerais attirer l’attention sur l’ouverture de l’Arctique et ses implications géostratégiques. Selon le Goddard Institute for Space Studies, laboratoire de la NASA étudiant l’atmosphère de la Terre, l'Arctique se réchauffe deux à trois fois plus vite que la moyenne planétaire depuis les années 1990. D’ici l’été 2030, c’est-à-dire moins de huit ans, la banquise pourrait totalement disparaître selon les experts du GIEC.
Tragédie écologique à de multiples égards et à différentes échelles, le dévoilement de l’océan arctique représente une aubaine économique pour les pays concernés, la zone regorgeant de trésors : nickel, plomb, zinc, uranium, platine, diamants ; mais aussi 10% des réserves mondiales de pétrole et 30% des réserves de gaz naturel d’après les estimations de l’Agence américaine d’information sur l’énergie.
Une grande majorité de ces hydrocarbures étant située dans la zone économique exclusive russe, Vladimir Poutine mise beaucoup sur cet eldorado polaire. Aussi parce qu'en vertu de l'article 234 du droit de la mer, c'est la Russie qui régule et qui fait payer des droits de passages très élevés. C'est donc ce pays qui profiter de ces nouvelles routes ainsi ouvertes.
Au lendemain du discours du Président de la République devant l'Assemblée Générale de l'ONU qui dénonçait le retour à l'âge des impérialismes et des colonies enclenché par la Russie, quelles nouvelles coalitions selon vous pourrions-nous impulser pour que les dérèglements climatiques en Arctique, d'une part soient atténués, et d'autre part ne renforcent pas l'hégémonie de la Russie.